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La kinésiologie appliquée: ce qu’il faut savoir à propos de ce système de diagnostic et de traitement

Dans le but de mieux renseigner mes lecteurs, ce texte m’a été remis à ma demande par le Dr Charles Héroux, instructeur diplômé en kinésiologie appliquée du Collège International de kinésiologie appliquée. Le Dr Héroux enseigne depuis 2006 la kinésiologie appliquée aux professionnels de la santé au Québec ainsi que dans plusieurs autres pays.

 

La AK est une approche interdisciplinaire des soins de santé qui rassemble les éléments centraux de diverses thérapies complémentaires afin de créer une approche plus complète du diagnostic et des traitements des diverses maladies fonctionnelles. La AK utilise des évaluations fonctionnelles du patient telles l’analyse de la posture et du patron de marche, l’évaluation de l’efficacité de contraction musculaire comme indicateur pour le système nerveux, l’amplitude de mouvement, la palpation statique et dynamique. Les informations soutirées de ces examens sont combinées aux résultats des évaluations traditionnelles (histoire clinique de la problématique, examen clinique, analyses de laboratoire, mesures instrumentales) afin d’en arriver à une impression diagnostique qui tient compte de la nature unique du patient et de sa condition physiologique particulière. Le cas échéant, cette impression clinique est utilisée comme trame de base pour établir un plan de traitement conservateur spécifique au patient.

 

La kinésiologie appliquée est-elle réservée aux professionnels de la santé?

L’utilisation de la AK requiert qu’elle soit utilisée en conjonction avec des méthodes diagnostiques standards utilisées par des professionnels de la santé formés pour le diagnostic clinique. Ainsi, l’utilisation de la kinésiologie appliquée et de ses outils d’évaluation ne convient qu’aux professionnels habilités à ces évaluations.

 

Qu’est-ce que ICAK (collège international de la kinésiologie appliquée)?

Le ICAK, fondé en 1975, est une organisation internationale qui regroupe des chapitres de divers pays composés de professionnels de la santé spécialisés en AK dont des médecins, des dentistes, des chiropraticiens et des ostéopathes. Présentement, il existe des chapitres au Canada, États-Unis, Australie, Allemagne, Autriche, Suisse, France, Italie, Lituanie, Grande-Bretagne, Corée, Brésil et Russie.

 

 

Quel est le but de ICAK?

Le collège international de kinésiologie appliquée procure un milieu d’échange clinique et académique afin d’évaluer, de démontrer et de transmettre les concepts et découvertes en Kinésiologie appliquée. Ces derniers respectent l’interrelation entre les côtés structurel, émotionnel et biochimique qui composent la santé et la maladie et la relation entre les troubles structurels et la perte de l’homéostasie démontrée dans la maladie fonctionnelle.

 

Comment la kinésiologie appliquée est-elle née?

Les origines de la kinésiologie appliquée contemporaine datent de 1964, lorsque Georges J. Goodheart Jr., D.C., a fait l’observation qu’en l’absence d’anomalies congénitales ou pathologiques, un débalancement postural était souvent associé avec une incapacité de certains muscles à répondre efficacement à un test musculaire spécifique. Il a aussi observé que des nodules douloureux étaient souvent palpables au niveau de l’origine et de l’insertion du muscle « défectueux » testé. La manipulation manuelle de ces zones de dysfonction soupçonnées améliorait l’équilibre postural ainsi la capacité du muscle à répondre au test musculaire spécifique. Goodheart ainsi que d’autres ont par la suite observé que plusieurs techniques de traitement conservatrices amélioraient la fonction neuromusculaire évaluée par le test musculaire. Ces techniques de traitement sont devenues la base des thérapies utilisées en kinésiologie appliquée. Les techniques utilisées regroupent des manipulations et mobilisations articulaires spécifiques, des thérapies myofasciales variées, des techniques crâniennes, des traitements utilisant les méridiens d’acupuncture, la nutrition clinique, la modification de la diète de base et l’utilisation de réflexes divers. Avec la recherche continue, les procédures de traitement ont continué de se diversifier et de se modifier au fil des ans. Bien que plusieurs techniques de traitement utilisées en kinésiologie appliquée proviennent de techniques préexistantes (ex : Strain CounterStrain, Fascial Release), certaines ont été développées de novo à l’intérieur de cette nouvelle discipline.

 

Quelles sont les causes possibles d’un muscle faible (inhibé)?

La présence d’une dysfonction est souvent détectée par l’incapacité d’un muscle à répondre adéquatement à un test musculaire spécifique. Ceci peut être causé par une facilitation inefficace ou par une inhibition neuromusculaire. Voici quelques théories sur les sources possiblement responsables d’une dysfonction musculaire :

  • Dysfonctions myofasciales ou de proprioception et microavulsions
  • Compression nerveuses périphériques
  • Niveau spinal d’innervation, déafférentation
  • Désorganisation neurologique
  • Relation viscérosomatique (réflexes autonomiques abérrants)
  • Manquements nutritionnels
  • Influences chimiques toxiques
  • Dysfonctions dans la production et la circulation du liquide cérébrospinal
  • Tension mécanique excessive des méninges
  • Débalancement des méridiens d’acupuncture
  • Débalancement lymphatiques et vasculaires

Selon la réponse au traitement, il apparaît que la dysfonction principale dans plusieurs de ces conditions est causée par la déafférentation, soit la perte fonctionnelle du stimulus sensoriel normal des récepteurs afférents des neurones. Ceci peut se produire dans plusieurs conditions, mais la plus simple à visualiser est sûrement la circonstance dans laquelle un fonctionnement articulaire inadéquat (subluxation ou fixation) résulte en un mouvement anormal affectant la stimulation des récepteurs articulaires et musculaires. Cette information inadéquate affecte la transmission de ces récepteurs par les nerfs périphériques vers la moëlle épinière, le tronc cérébral, le cervelet, le cortex cérébral puis vers les effecteurs, ce qui influence leur réponse normale au stimulus. Les symptômes de déafférentation surgissent de plusieurs niveaux tels que moteur, sensitif, autonomique et conscient ou même de tout autre niveau du névraxe.

 

Qu’est-ce qui est compris dans une évaluation en AK?

L’évaluation avec la kinésiologie appliquée représente un examen de la biomécanique fonctionnelle et de la neurologie fonctionnelle. Le terme biomécanique fonctionnelle comprend une analyse clinique de la posture, du mouvement coordonné, tel celui de la marche, et des amplitudes de mouvement. Le test musculaire s’intègre très bien à ces différentes évaluations. Durant une évaluation neurologique fonctionnelle, le test musculaire sert pour vérifier la réponse du corps face à divers stimuli physiques, chimiques et mentaux. Les résultats obtenus sont combinés avec l’histoire clinique, les trouvailles de l’évaluation physique et le cas échéant, les résultats des tests de laboratoire ou autres procédures diagnostiques normales. Les évaluations de kinésiologie appliquée ne devraient pas être utilisées comme seul outil diagnostic, mais plutôt en combinaison avec les techniques traditionnelles.

Qu’est-ce qui peut affecter le résultat d’un test musculaire?

Dans le contexte de pratique clinique, voici différents stimuli qui ont été remarqués comme ayant un effet sur le résultat escompté d’un test musculaire manuel :

  • Vecteur de force appliqué aux vertèbres, au bassin, au crâne et aux extrémités
  • Étirement d’un muscle, d’une articulation, d’un ligament et/ou tendon
  • Le contact digital du patient sur la peau au-dessus d’une zone soupçonnée de dysfonction (nommé toucher de localisation)
  • Contractions musculaires répétitives ou mouvement articulaire
  • Stimulation des récepteurs olfactifs par des vapeurs émanant d’une substance chimique
  • Stimulation gustative, habituellement avec des aliments ou suppléments nutritionnels
  • Phase respiratoire diaphragmatique
  • La visualisation par le patient d’un stress émotionnel, moteur ou sensitif
  • Réponses à d’autres stimuli tels que le toucher, la douleur, le chaud, le froid, la vue, l’ouïe et des afférences vestibulaires.

 

  • Quels sont les règles de base du test musculaire?
  • Les tests musculaires manuels évaluent la capacité du système nerveux à ajuster la contraction du muscle pour répondre au changement de pression effectué par l’évaluateur. Ceci exige donc que l’examinateur ait une formation pertinente en anatomie, physiologie et neurologie de la fonction musculaire. L’action normale du muscle testé, ainsi que le rôle des muscles synergistes, doit être bien compris. Le test musculaire manuel est une science et un art. Pour obtenir des résultats fiables, le test musculaire doit être effectué selon une marche à suivre précise. Les éléments suivant doivent être pris en considération lorsqu’un muscle est testé dans le cadre clinique ou dans un but d’étude :
  • Positionnement adéquat afin que le muscle testé soit le principal levier du mouvement évalué
  • Stabilisation efficace autour de la région testée
  • Observation de la façon que le patient/sujet est apte à maintenir la position de test
  • Position, pression et déclenchement du test standardisé
  • Éviter les idées préconçues sur le résultat du test à effectuer
  • Utiliser un point de contact non douloureux et effectuer le test sans douleur
  • Contrindications possible selon l’âge, des maladies dégénératives, des douleurs aigües ou des pathologies locales ou de l’inflammation

 

Comment la AK enrichit-elle la pratique de la chiropratique?

En kinésiologie appliquée une interrelation a été remarquée entre certaines dysfonctions musculaires et des dysfonctions des glandes ou organes associés. Cette association viscérosomatique est une des multiples sources de faiblesse musculaire. Remis en perspective et évalué à la lumière de d’autres résultats diagnostiques, le test musculaire peut donner des informations quant aux glandes ou organes à considérer comme source des troubles de santé du patient. Le diagnostic conventionnel considère l’image corporelle du patient comme source d’information. Ainsi, la pâleur, la fatigue, le manque de coloration des capillaires et artérioles à l’intérieur de la paupière inférieure du patient donnent des indices à l’évaluateur qu’une anémie peut être présente. Le diagnostic final d’anémie nécessite de faire des examens de laboratoire pour mesurer les valeurs sanguines des marqueurs appropriés. De la même façon, le lien muscle M glande/organe en kinésiologie appliquée donne des indications quant aux tests diagnostiques à faire, qui viendront confirmer ou infirmer les suspicions cliniques chez le patient évalué. Ce sont l’ensemble des outils diagnostiques de l’évaluateur qui lui permettront d’établir son diagnostique final.

Une évaluation et un suivi utilisant la kinésiologie appliquée peuvent être d’une grande efficacité dans la gestion de divers troubles de santé fonctionnels quand elle est utilisée en combinaison avec l’interprétation fonctionnelle de l’histoire de cas, des examens physiques, de laboratoire et des mesures instrumentales. La kinésiologie appliquée aide le clinicien à mieux apprécier les syndromes fonctionnels. Lorsqu’un patient est évalué, il est essentiel de prendre en considération toute pathologie ou fonctionnement pathologique préalables qui pourrait être confondues avec un débalancement fonctionnel.

Quelles sont les visées thérapeutiques d’un clinicien utilisant la AK?

Les procédures utilisées en kinésiologie appliquée ont pour but d’évaluation et de thérapeutique les points suivants :

  • Procure une évaluation interactive de l’état de santé fonctionnel du patient sans l’utilisation extensive d’équipement, mais tout en mettant l’emphase sur l’importance de corréler toute trouvaille avec des tests diagnostiques traditionnels.
  • Rétablir l’équilibre postural, corriger les débalancements du patron de marche, améliorer les amplitudes de mouvement.
  • Rétablir les afférences normales afin d’obtenir un contrôle et une organisation neurologiques efficace des fonctions corporelles.
  • Atteindre l’homéostasie des fonctions endocrines, immunitaires, digestives et viscérales. Intervenir de façon précoce sur les processus dégénératifs pour prévenir ou retarder l’apparition de processus pathologiques.

 

Est-ce que tous ceux qui utilisent le test musculaire font de la kinésiologie appliquée?

Quand utilisée de façon appropriée, la kinésiologie appliquée peut donner des informations très pertinentes sur des dysfonctions physiologiques; toutefois, plusieurs individus ont développé des techniques qui utilisent le test musculaire (et autres procédures connexes) d’une façon qui ne correspond pas à celle enseignée par le Collège International de Kinésiologie Appliquée. Il devient donc évident que l’utilisation du test musculaire et autres procédures connexes de AK n’égalisent pas la pratique de la kinésiologie appliquée telle qu’enseignée par ICAK.

 

Est-ce que des non-professionnels peuvent pratiquer la kinésiologie appliquée?

Il existe autant de non-professionnels que de professionnels qui utilisent une forme de test musculaire manuel sans avoir toutefois l’expertise nécessaire pour performer des tests spécifiques et précis. Certains oublient de combiner les trouvailles des tests musculaires manuels avec les résultats de tests diagnostiques traditionnels. Ceci peut être une source d’erreur qui mène à une mésinterprétation du débalancement présent et donc, par le fait même, à un traitement inadéquat ou à un traitement pour la mauvaise condition. C’est pour ces raisons que le Collège International de Kinésiologie Appliquée définit la pratique de kinésiologie appliquée comme étant limitée aux professionnels de la santé habilités au diagnostic.

 

Comment est organisé l’enseignement de la kinésiologie appliquée?

Une structure du cours de base de kinésiologie appliquée, couvrant 100 heures de cours, a été créée pour la première fois en 1976. Du fait des découvertes qui ont suivi en AK, ce syllabus de base a été modifié et amélioré plusieurs fois au fil des ans. Après avoir complété le cours de 100h de base, l’étudiant docteur peut suivre des formations avancées données par des professeurs diplômés et certifiés par le collège.

 

Quelles sont les pré-requis pour devenir Diplômé en kinésiologie appliquée (DIBAK)?

L’instructeur désirant donner des formations reconnues en kinésiologie appliquée en vue de former d’autres diplômés, doit être un DIBAK certifié par le collège. Le processus de certification est organisé et géré par le International Board of Examiners. Ce groupe réuni des diplômés (DIBAK) des différents chapitres et est composé de médecins, d’ostéopathes et de chiropraticiens. Les pré-requis pour avoir le droit de se présenter à l’examen du DIBAK sont les suivants :

  • 300 heures de cours de kinésiologie appliquée données par des DIBAK certifiés pour l’enseignement.
  • 3 années de pratique utilisant la kinésiologie appliquée.
  • L’écriture de deux études portant sur certaines notions de kinésiologie appliquée.
  • La réussite d’un examen écrit comportant 5 sections distinctes sur divers sujets de kinésiologie appliquée.
  • Faire et réussir un examen pratique approfondi en kinésiologie appliquée.
  • Qui peut enseigner des cours reconnus de kinésiologie appliquée ?
  • Les enseignants de AK doivent d’abord être DIBAK en kinésiologie appliquée et donc avoir réussi les examens du International Board of Examiners. Après ce premier processus, ils doivent soumettre une demande de statut d’enseignant au International Educational Coucil (IEC). Afin de maintenir le statut d’enseignant, certaines demandes doivent être rencontrées à chaque 3 ans.
  • D’où proviennent les informations en kinésiologie appliquée?
  • Contrairement à d’autres spécialités chiropratiques, la AK s’est inspirée en plus de plusieurs sources hors de la profession chiropratique. Du domaine chiropratique, les travaux de DeJarnette, Bennett, et autres ont été combinés avec les travaux de certains ostéopathes comme Sutherland et Jones et avec des travaux du domaine médical de la part de pionniers tels Travell, Wicke, Pert, Janda, Dvorak’s et plusieurs autres à venir qui enrichissent cette mer de connaissances qu’est le AK.

Comment la AK est utilisée dans d’autres professions?

En dentisterie, Harold Gelb D.M.D. a été le premier à écrire à propos de la kinésiologie appliquée vers la fin des années 1970. Il proposait d’utiliser le test musculaire manuel afin d’aider au diagnostic et au traitement de troubles d’occlusion. Présentement, certaines techniques de kinésiologie appliquée font partie du curriculum du Tuft’s Dental School à Boston, au Massachusetts. À Paris, le professeur Louis Namini a écrit un livre sur la kinésiologie appliquée pour les dentistes.

En Allemagne, en Italie et en Russie l’utilisation de la kinésiologie appliquée s’est répandue rapidement dans le domaine de la médecine holistique. En Autriche, la pratique de la kinésiologie appliquée par les médecins est maintenant une spécialité reconnue par le Austrian Departement of Health.

 

Comment savoir si quelqu’un a une formation en kinésiologie appliquée?

Le ICAK a créé une évaluation des compétences qui peut être passé après avoir compléter le cours de base de 100 heures. La réussite de cet examen correspond au premier niveau de compétence reconnu par ICAK. Malheureusement, plusieurs prétendent posséder des compétences après avoir suivi seulement 1 ou 2 cours ou sinon une formation de Touch for Health. Ils tentent par la suite de justifier leurs protocoles de traitement en utilisant la bannière AK, bien qu’ils aient échoué à acquérir les compétences nécessaires.

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