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Correction: Johanne, arthrite rhumatoïde, fibromyalgie, se questionne sur la diète cétogène

Madame Lagacé, merci pour toute la recherche et le partage de toutes vos connaissances. Votre aisance à nous vulgariser afin de mieux nous aider m’aide tellement. Grâce à vos livres, ma vie avec la douleur continue a littéralement changer. Je ne prend plus AUCUN médicament. J’aimerais que vous m’éclairiez au sujet du conseil que j’ai reçu récemment.
J’ai récemment rencontrer une nouvelle rhumatologue que mon médecin me recommandait pour m’aider encore plus dans la gestion des douleurs dû à l’arthrite rhumatoïde, l’arthrose et la fibromialgie , compte tenu que je fait la diète hypotoxique depuis maintenant plus de deux ans et qu’elle prône l’alimentation pour une meilleur santé.

Je suis revenu à la maison toute chavirée par sa proposition, qui est d’ajouter à la diète hypotoxique le régime cétogène. Je me pose des questions compte tenu que cette diète exclu une grande quantité de fruits, de fruits séchés, de noix, sirop d’érable, miel. Moi qui a valoriser la variété dans l’alimentation toute ma vie et que j’excluais les aliments gras, je me sens confronter à quelque chose qui boulverse complètement mes valeurs en alimentation. J’ai peur qu’à long terme, mon système manque de quelque chose d’important pour la santé. C’est une alimentation qui va à l’encontre de tout ce qui m’a été enseigner dans le passé. J’aimerais votre avis sur le sujet.
Merci tellement, Johanne

Réponse de Jacqueline:  Bonjour Johanne,

Pour tenter de comprendre pourquoi votre nouvelle rhumatologue vous propose de suivre une diète cétogène, ce serait utile de savoir si vous souffrez d’embonpoint. Si ce n’est pas le cas, je ne vois vraiment pas quel serait l’intérêt pour vous de suivre la diète cétogène puisque d’après votre témoignage, votre santé s’est améliorée de façon importante avec la diète hypotoxique au point où vous avez pu cesser de prendre tous vos médicaments.

D’un autre côté, votre témoignage indique que votre rétablissement n’est pas complet en ce qui concerne la douleur.  Si c’est le cas, il est probable que vous consommiez encore certains aliments auxquels vous pourriez être intolérante.  Vous auriez donc avantage à vérifier si vous êtes intolérante à d’autres aliments non identifiés jusqu’à maintenant. Il est probable que ces aliments fassent parties des nombreux aliments interdits par la diète cétogène et je vous comprends d’être inquiète à l’idée de retirer tous ces aliments de votre alimentation.  Il y a une solution beaucoup moins drastique pour identifier le ou les aliments auxquels vous pourriez être intolérante. Il s’agit de tenir un journal de bord quotidien en notant tout ce que vous consommez et comment vous vous sentez chaque jour; cela pourrait vous permettre d’identifier le ou les aliments (sans oublier les épices) qui sont responsables des douleurs qui persistent.

Au sujet de la diète cétogène, qui comporte à la fois  un intérêt certain et des inconvénients,  je vous conseille fortement de lire les deux articles que j’ai publiés sur ce sujet:

1) La diète cétogène, ses caractéristiques, ses applications potentielles et ses effets secondaires possibles.

 2) Caractéristiques et thérapeutique de la diète cétogène : obésité, diabète de type 2, et sclérose en plaques.

Deux méthodes sont possibles pour avoir accès à ces articles: 1) aller sur Google et copier le titre dans la fenêtre de Google; ou 2) aller sur la page d’accueil du présent blogue et copier le titre de l’article dans la fenêtre située juste au dessus de « Recherche article ».

Je vous conseille également  d’écouter au complet (la fin est importante) l’entrevue suivante du Dr Maurice Larocque concernant le fait que cette diète ne peut pas être suivie à long terme ( et pour certains même à moyen terme) sans danger.

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/medium-large/segments/entrevue/121611/regime-cetogene-erreurs-eviter-maurice-larocque

En espérant que vous trouverez la meilleure solution à votre problème.

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Diète cétogène: 10 ans d’expérience de gestion de soins pour sa fille épileptique

J’ai plusieurs années d’expérience de gestion de la diète cétogène pour ma fille épileptique. Elle est sur cette diète depuis 12 ans déjà. Elle serait le cas le plus long de la diète cétogène pour épilepsie à travers le monde (durée habituelle de la diète pour gestion épilepsie – entre 2 à 3 ans). Je n’en fait pas un trophée car j’aimerais bien dans mon cœur de parent qu’elle se retrouve pour d’autres raisons dans le livre des records Guinness…..mais bon elle est ma réalité avec ses records à elle.

Malgré tous les désagréments de la diète cétogène, c’est ce qui a probablement sauvé ma fille nous en sommes convaincus car convulser entre 30 à 40 fois par jour, pas clair que le cœur peut le prendre longtemps. Depuis ce temps, elle est aussi sans aucun médicament car certains médicaments pour l’épilepsie augmentaient les risques d’acidose métaboligue donc s’aditionnaient à ceux de la diète. Nous l’avons appris à la dure… Mais contrairement au cas expliqué, la réduction des crises d’épilepsie chez notre fille n’a pas eu un effet aussi important sur son développement intellectuel et moteur comme l’enfant dont il est ici question. En d’autres mots, je crois qu’il est important de garder en tête que nous sommes tous différents et que les effets des traitements (bons ou mauvais) peuvent varier d’une personne à une autre. Toutefois, on ne peut pas savoir avant d’en faire l’expérience d’où l’importance d’oser. Dans le cas de notre enfant, nous n’avons aucun diagnostic seulement des symptômes (épilepsie sévère, retard global de développement, aucune malformation même pas de lésions au cerveau, etc.) et malgré les effets limités de la diète sur son développement global, la réduction des convulsions représente pour nous un succès de la diète.

Dans notre situation, nous avons vécu probablement tous les effets secondaires possibles et imaginables en lien avec la diète (hypoglycémie, acidose métabolique – plusieurs fois et très importante- géré avec du bicarbonate, ralentissement du développement physique, pierre au rein – traité avec succès avec un PSN, etc.) Toutefois, dans notre situation, nous avons dû évaluer les risques et les bénéfices  » 40 crises par jour ou les effets secondaires traitables ». La réponse dans notre situation était que les effets secondaires traitables nous semblaient moins pires que les risques associés à la fréquence des convulsions.

Il est possible aussi que les effets secondaires documentés dans les études soient en partie attribuables au fait que la grande majorité des enfants avec ce type d’épilepsie ont souvent un retard de développement important incluant la déficience physique. À titre d’exemple, le fait de ne pas marcher ou de ne pas mettre de poids sur leurs jambes, favorise inévitablement le développement de l’ostéoporose qui pourrait expliquer, en partie, que l’ostéoporose est souvent documenté dans les études comme l’un des effets secondaires de la diète cétogène. Bref, les effets de la diète s’ajoute aux possibles complications en lien avec la réalité de l’enfant (déficience physique). D’autres effets secondaires, comme les problème au foie, serait aussi en lien avec la pathologie associée ou malformation chez les enfants qui font de l’épilepsie sévère ce que nous avons déjà lu dans la littérature. En d’autres mots, les études actuelles dont nous disposons pour mesurer les effets de la diète cétogène portent essentiellement sur des enfants qui ont des pathologies ou des réalités (avec ou sans diagnostic) particulières et l’épilepsie est un symptôme associé à ces pathologies ou réalité non-diagnostiquée. Ce qui ne fait pas de la diète cétogène un traitement facile à gérer et sans risque. Il faut toujours mesurer les risques et les bénéfices. Dans le cas de notre fille, nous avons toujours été confronté à cette réflexion. Et même avec les médicaments, nous étions dans  »essai-erreur » tout le temps.

Je crois aussi que les gens qui utilisent la diète cétogène pour d’autres raisons que l’épilepsie mélangent actuellement la diète cétogène avec la Atkins modifié. À ma compréhension de plusieurs échanges sur le WEB et la lecture de quelques livres sur le sujet, la diète qu’ils suivent s’apparentent davantage à la Atkins modifié qu’à la cétogène. La cétogène réelle, oblige la mesure de tous les aliments, les restrictions caloriques importantes en fonction du poids et de la taille de la personne, les restrictions aussi au niveau des protéines en plus des glucides, etc. Ce qui suppose aussi la mesure des liquides pris dans la journée. Au départ, nous devions mesurer ce qu’elle buvait en terme de liquide par jour incluant, l’eau qu’elle pouvait boire par erreur en prenant son bain que nous devions ensuite réduire de la quantité de liquide possible par jour en fonction de la quantité d’eau bu par erreur. À cela s’ajoute l’élimination de plusieurs fruits et légumes qui sont trop élevés en glucide comme plusieurs produits de toilettes (savons, baume à lèvre, crème solaire, pâte à dent, shampoing, etc.).

La cétogène qui circule actuellement ne tient pas compte de toutes les restrictions comparativement à celle pour le traitement de l’épilepsie d’où l’idée qu’il s’agirait plus de la Atkins modifié. Vous pouvez en prendre connaissance sur le site de l’Hôpital Jon Hopkins, le chef de file de la diète cétogène à travers le monde ou les deux traitements y sont présentés https://www.hopkinsmedicine.org/neurology_neurosurgery/centers_clinics/epilepsy/pediatric_epilepsy/ketogenic_diet.html

Il est possible aussi que les effets secondaires de la Atkins modifié soit beaucoup moins intenses et importants que la cétogène. Le ratio de la Atkins est normalement du 2:1 ou 1:1 et très peu d’effets secondaires. Notre fille est actuellement au ratio 2:1 et les effets secondaires sont beaucoup moins élevés. Mais encore là, les études qui se sont intéressées à la Atkins modifié, portent encore essentiellement sur des populations présentant d’autres problèmes importants (pathologie, etc).

Je crois au traitement métabolique de plusieurs problèmes de santé. Il serait probablement plus juste de parler de traitement métabolique ou de la Atkins modifié que de la diète cétogène étant donné les grandes nuances entre ces régimes alimentaires et surtout de l’application diamétralement différente entre le traitement de l’épilepsie et les autres affections. À ce jour, les résultats observés reposent davantage sur des populations épileptiques pour lesquelles d’autres problèmes et affections peuvent parfois influencer les résultats. Des études sur d’autres populations seraient pertinentes pour observer les résultats du traitement métabolique sur d’autres individus qui n’ont pas la même réalité que les enfants qui souffrent d’épilepsie sévère chez lesquels, d’autres pathologies peuvent influencer les résultats. Bonne chance à tous ceux et celles qui souhaitent expérimenter les traitements métaboliques car il s’agit d’une façon pertinente de prendre soin de sa santé.

Les parents d’une jeune fille épileptique

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Caractéristiques et thérapeutique de la diète cétogène : obésité, diabète de type 2, et sclérose en plaques.

Mode d’action de la diète cétogène

La diète cétogène,  force l’organisme à brûler des gras plutôt que des glucides pour  procurer à l’organisme  l’énergie dont il a besoin pour fonctionner; le foie convertit les acides gras en corps cétoniques qui remplacent le glucose comme source première d’énergie à la condition que la consommation de glucides soit réduite de façon drastique.  L’influence bénéfique  possible des corps cétoniques sur les maladies neurodégénératives repose sur l’observation que le cerveau,  utilise d’une part les corps cétoniques seulement lorsqu’il est privé de glucose alors qu’il semble que cette source d’énergie alternative soit capable d’atténuer l’excitotoxicité cellulaire,  un processus pathologique d’altération et de destruction neuronale, une conséquence de l’hyperactivation des neurotransmetteurs. D’autre part, l’efficacité de la diète cétogène dans le cas de perte de poids chez les obèses et de la mise en rémission du diabète de type 2, serait basée sur sa capacité à maintenir un taux sanguin d’insuline bas, ce qui prévient et/ou corrige la résistance à l’insuline.  Il apparaît de plus que la diète cétogène favorise davantage la perte de gras que les autres diètes d’amaigrissement tout en préservant  de façon générale la masse musculaire bien que dans certains cas, des suppléments en acides aminés et en protéines puissent être nécessaires.

Conditions d’application de la diète

Des études chez les animaux et l’humain supportent l’efficacité thérapeutique possible de la diète cétogène pour traiter différents désordres de santé.  Toutefois, il est recommandé que des examens préalables soient effectués avant d’appliquer la diète cétogène : historique de la maladie, tests spécifiques de laboratoire, diète habituelle du patient.  Certains désordres métaboliques spécifiques (calculs rénaux, dyslipidémie sévère, maladie du foie, retard de croissance, reflux gastro-œsophagien sévère, alimentation orale difficile, cardiomyopathie, acidose métabolique chronique) constituent des contre-indications à l’application de la diète cétogène.  Les patients doivent recevoir des multi vitamines contenant des doses adéquates de minéraux essentiels avant même d’initier la diète cétogène pour prévenir des déficiences nutritionnelles durant la diète.

La diète cétogène doit limiter la prise de glucides à  25 g/jour (maximum 50 g/jour), contrôler la quantité de protéines, augmenter la consommation de gras et d’huile. Les nutriments suivants sont nécessaires : calcium avec vitamine D, sélénium, magnésium, zinc et phosphore. L’évaluation de la diète doit être effectuée périodiquement pour documenter les effets bénéfiques et les risques associés.   Il est important de quantifier à tous les 3 mois à partir du sérum,  les corps cétoniques, le glucose sérique, l’albumine, les protéines totales, le cholestérol total, les triglycérides et la créatinine sérique pour s’assurer que la diète est suivie correctement.  Une fois l’an, on recommande les tests suivants : échographie rénale, densité osseuse, carnitine, niveau de sélénium et électrocardiogramme pour prévenir à long terme les effets secondaires suivants : calculs rénaux, ostéoporose, hyperlipidémie, déficience en carnitine et cardiomyopathie.

Caractéristiques particulières

Cette diète ne peut être arrêtée brusquement, l’arrêt doit se faire graduellement sur une période de 2 à 3 mois.

Chez les obèses, la diète cétogène montre une perte de poids plus importante qu’avec les autres diètes balancées.

Il a été démontré que la diète cétogène peut être bénéfique contre le syndrome des ovaires polykystiques chez les patients obèses et  atteints de diabète de type 2.

Bonne nouvelle dans le cas de la sclérose en plaques

L’analyse du microbiome intestinal des patients SEP démontre que la  concentration totale ainsi que la diversité de leurs microbiotes sont réduites de façon substantielle  comparativement aux contrôles normaux.  Des observations cliniques ont montré que  les effets de la diète cétogène  se présenteraient en deux phases : dans un premier temps, la concentration et la diversité des microbiotes intestinaux seraient encore plus réduites ; par contre à partir de la douzième semaine de diète cétogène, la situation en tant que nombre et  diversité des microbiotes s’améliore de façon significative et après 23-24 semaines de diète, la composition des  microbiotes serait alors meilleure qu’avant le début de la diète.  Ceci ne signifie pas que le microbiome a atteint un équilibre idéal, ce qui nécessiterait certainement un apport en fibres beaucoup plus élevé que le permet la diète cétogène. Toutefois, ce résultat est encourageant.

Effets secondaires

Effets secondaires courants : maux de tête, constipation, diarrhée, insomnie, maux de dos, inconfort gastro-intestinal, crampes abdominales, vomissements ;

Effets secondaires modérés : dyslipidemie, déficiences en minéraux, acidose métabolique, risque accru de pierres rénales, augmentation des triglycérides à l’intérieur d’une période de 6 mois, hypoproteinémie.

Effets secondaires sévères : élévation trop importante des corps cétoniques qui peuvent induire des complications avec risques de morbidité et de mortalité chez les patients diabétiques.  Si la concentration des corps cétoniques ne dépasse jamais 8 mmol / L, ces risques sont virtuellement non existants chez les sujets dont la fonction insulinique est normale.

Chez les souris , la diète cétogène à long terme induit une intolérance au glucose  qui a des conséquences graves sur les cellules endocrines du pancréas.

Conclusion

Des études cliniques supportent l’intérêt de la diète cétogène pour le diabète, l’obésité et  certains autres désordres mais cette diète doit être suivie sous une supervision médicale stricte avec l’aide de diététiciens formés en ce sens.  De plus, cette diète doit être adaptée à chaque patient.  Des études sont requises pour mieux comprendre à long terme les impacts cliniques de la diète, son efficacité, son niveau de sécurité, la tolérance des patients,  la durée du traitement et le pronostic après l’arrêt de la diète.

Compte tenu des problèmes et effets secondaires possibles inhérents à la diète cétogène, je pense personnellement que les individus qui répondent positivement à la diète hypotoxique n’ont pas intérêt à changer leur alimentation au profit de la diète cétogène.  Par contre, j’encourage ceux qui souffrent d’une maladie chronique qui pourrait bénéficier de la diète cétogène lorsque leur qualité de vie est insatisfaisante malgré le suivi de la diète hypotoxique,  à essayer la  diète cétogène sous la supervision médicale de thérapeutes expérimentés  dans ce domaine.

C’est avec gratitude que je remercie Christelle,  atteinte gravement de sclérose en plaques, d’avoir eu le courage et la générosité de témoigner de son expérience de la diète cétogène.  Le fait d’avoir pris sa santé en main, d’avoir écouté son intuition et d’avoir testé la diète cétogène, tout en continuant à profiter des acquis de la diète hypotoxique (élimination des aliments auxquels elle est sensible, cuisson à basse température des aliments qui la préserve des glycotoxines, aliments biologique) lui a permis de retrouver  le goût de vivre, une meilleure qualité de vie sans oublier les retombées sur sa famille et sur tous  les individus qu’elle encouragera par son témoignage à  prendre  leur santé en main.  Cette histoire souligne encore une fois l’importance des témoignages de la part des lecteurs de mon blogue qui nous forcent à aller plus loin dans notre réflexion.

Références

Augustin K, Khabbush A, William S, et al.,  Mechanisms of action for the medium-chain triglyceride ketogenic diet in neurological and metabolic disorders. Lancet Neurol. 2018 Jan;17(1):84-93. doi: 10.1016/S1474-4422(17)30408-8.

Evans M, Cogan KE,  Egan B. Metabolism of ketone bodies during exercise and training: physiological basis for exogenous supplementation. J Physiol. 2017 May 1;595(9):2857-2871. doi: 10.1113/JP273185

Gupta L, Khandelwal D, Kalra S, Gupta P, Dutta D, Aggarwal S. Ketogenic diet in endocrine disorders: Current perspectives.  J Postgrad Med. 2017 Oct-Dec;63(4):242-251. Review.

Katsu-Jiménez Y, Alves RMP, Giménez-Cassina A. Food for thought: Impact of metabolism on neuronal excitability. Exp Cell Res. 2017 Nov 1;360(1):41-46.

Puchalska P, Crawford PA. Multi-dimensional Roles of Ketone Bodies in Fuel Metabolism, Signaling, and Therapeutics. Cell Metab. 2017 Feb 7;25(2):262-284. doi: 10.1016/j.cmet.2016.12.022. Review.

Swidsinski A, Dörffel Y, Loening-Baucke V et al., Reduced Mass and Diversity of the Colonic Microbiome in Patients with Multiple Sclerosis and Their Improvement with Ketogenic Diet. Front Microbiol. 2017 Jun 28;8:1141. doi: 10.3389/fmicb.2017.01141. eCollection 2017.

 

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La diète cétogène, ses caractéristiques, ses applications potentielles et ses effets secondaires possibles.

Il y a quelques temps,  à la demande de lecteurs, je m’étais engagée à rédiger un texte d’information sur la diète cétogène.  Comme il a été question dernièrement de la diète cétogène aux Nouvelles de Radio-Canada, je profite de l’occasion pour discuter brièvement de ce cas et apporter l’information promise concernant la diète cétogène.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1066632/guerison-miraculeuse-jeune-quebecoise-regime-alimentaire-cetogene

La petite fille en question a montré les premiers symptômes d’une encéphalite auto-immune qui déclenchait de nombreuses crises d’épilepsie à l’âge de deux ans et demi. Elle s’est avérée réfractaire aux médicaments qui ont été utilisés. Il y a environ 21 mois, vers l’âge de 4 ans, son neurologue a prescrit une diète cétogène pour tenter d’arrêter et/ou de diminuer ses nombreuses  crises d’épilepsie.  La diète cétogène s’est avéré efficace à mettre pratiquement fin aux crises d’épilepsie, ce qui n’est pas une surprise en soi,  puisque cette diète est reconnue surtout pour cette raison.

Probablement, ce qui a le plus surpris le médecin et son entourage, c’est l’évolution rapide du comportement de l’enfant. Alors que le développement de la maladie avait induit des caractéristiques apparentées à de l’autisme, soit l’absence de contact visuel, de l’agitation,  l’incapacité de parler et le refus de manger, ces caractéristiques sont disparues en quelques mois.   Le fait que l’enfant ait retrouvé rapidement un comportement normal,  suggère que la diète cétogène a mis fin à l’inflammation au niveau de son système nerveux, laquelle inflammation était vraisemblablement causée par les  réactions auto-immunes  dont son cerveau était la cible.

Ce qui me frappe dans l’évolution de cette petite fille c’est que les effets de la diète cétogène sur son cerveau s’apparentent aux phénomènes que l’on observe chez plusieurs  enfants autistes qui retrouvent un comportement normal lorsque leur alimentation respectent les règles de la diète hypotoxique. Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez  dans le livre suivant « Être et ne plus être autiste » de Nathalie Champoux, la description de l’évolution positive de ses deux enfants qui étaient atteints du syndrome de l’autiste et qui ont retrouvé graduellement un comportement normal à partir du moment où leurs parents ont changé leur alimentation pour la diète hypotoxique.

La diète cétogène, ses caractéristiques, ses applications potentielles et ses effets secondaires possibles.

Caractéristiques

La diète cétogène est basée sur la consommation d’une grande quantité de gras (± 90% de la diète),  une quantité modérée à faible de protéines (± 8%) et une quantité très faible de glucides (± 2%). Il s’agit d’une diète très déséquilibrée qui exige un suivi médical et une prise de compléments alimentaires.  La diète cétogène force l’organisme à brûler des gras à la place du sucre, lequel produit  sous la  forme d’adénosine triphosphate (ATP),  l’énergie dont le corps à besoin pour fonctionner.  Avec la diète cétogène,  il se produit une oxydation des acides gras au niveau du foie, ce qui entraîne la production de corps cétoniques.  Les cétones sont transportées par le sang dans les tissus où elles participent au fonctionnement des mitochondries, les organelles impliquées dans la libération d’énergie.  Le fait qu’il y ait une faible quantité de glucides dans la diète cétogène peut favoriser  une petite  réduction du glucose sanguin et un meilleur contrôle de la glycémie;  parallèlement,  la stimulation de la glycogénèse permet de compenser lorsqu’il y a présence d’une trop grande baisse du niveau de glucose dans le sang.

Applications potentielles

L’intérêt de la  diète cétogène comme traitement de l’épilepsie remonte à 1921. Toutefois, au cours des années 1950, le développement de médicaments anticonvulsivants,  réputés sécuritaires et efficaces, a beaucoup amenuisé l’intérêt pour  la diète cétogène. Toutefois, la diète cétogène a recommencé à émerger au cours des années 1990 en tant qu’alternative pour les enfants épileptiques qui ne répondaient pas aux anticonvulsivants; une étude contrôlée a  montré une efficacité de 61%  de la diète cétogène chez les enfants épileptiques ainsi traités, comparativement à 8% dans le cas du groupe contrôle qui ne suivait pas la diète.  De plus, il a été démontré que l’application de la diète cétogène  pendant une période de 6 mois n’induisait pas d’effets secondaires significatifs en ce qui concerne  l’apprentissage et l’adaptation sociale des enfants.

Compte tenu du succès de la diète cétogène auprès des enfants épileptiques, on a appliqué cette diète à d’autres problèmes de santé comme le traitement de l’obésité qui fut popularisé par le Dr Robert Atkins, le traitement de patients qui présentent un défaut dans le transport du glucose, le syndrome métabolique et le diabète.

Au cours des dernières années, on s’est intéressé à la diète cétogène en tant qu’adjuvant pouvant accompagner les thérapies anti-cancéreuses telles la chimiothérapie et la radiothérapie.  La rationnelle de cette orientation est basée sur l’observation que les cellules cancéreuses, contrairement aux cellules normales, ont de très grands besoins de glucose, même en présence d’oxygène ce qui suggère que les cellules cancéreuses ont une respiration mitochondriale défectueuse et exigeraient une glycolyse accrue en tant que mécanisme compensatoire.  Dans le même ordre d’idée, il a été observé lors de  nombreuses études animales qu’il y a une consommation accrue de glucose par les cellules cancéreuses et que de grandes quantités de glucose sont nécessaires à la survie des tumeurs et au développement des métastases.  On a aussi démontré chez des patients atteints du carcinome du colon que la consommation de glucose par leurs cellules tumorales était supérieure par un facteur de 30 à 40 fois aux besoins en glucose des cellules normales de même origine.

L’action adjuvante de la diète cétogène lorsque associée aux thérapies anti-cancéreuses  conventionnelles telles la chimiothérapie et la  radiothérapie,  reposerait sur trois mécanismes : 1) l’augmentation du stress oxydatif* dans les cellules cancéreuses, suite à une alimentation basée sur les lipides (diète cétogène), limite la disponibilité du glucose pour la glycolyse, restreignant ainsi une voie courante d’obtention d’énergie 2) le métabolisme des lipides force donc les cellules des patients qui suivent la diète cétogène à obtenir leur énergie à partir des mitochondries alors qu’il est présumé que les cellules cancéreuses, contrairement aux cellules normales, ont des mitochondries dysfonctionnelles qui ne leur permettent qu’un apport restreint en glucose;  la croissance des cellules cancéreuses est alors entravée par l’excès de stress oxydatif ; 3)  la production d’énergie lorsqu’elle provient de la consommation de protéines, aboutit à un phénomène apparenté à la consommation de grandes quantités de lipides bien qu’à un  niveau moins sélectif.

Un seul article relatant des essais cliniques de phase 1 concernant l’action adjuvante de la diète cétogène associée à des traitements anti-cancer contre le cancer du poumon et le cancer du pancréas chez l’humain a pu être répertorié.  Les traitements de radiation et de chimiothérapie ont été associés à la diète cétogène durant six semaines dans le cas du cancer pulmonaire et de cinq semaines dans le cas du cancer pancréatique.  Sur une période de 3 ans, 7 patients porteurs d’un cancer pulmonaire ont été enrôlés dans cette étude : 4 patients furent incapables de compléter la diète cétogène,  2 complétèrent l’étude et un patient a été éliminé en raison d’une toxicité dose-limite.  Durant la même période, 2 patients atteints d’un cancer du pancréas ont été enrôlés dans l’étude : un patient a complété l’étude et le second a été éliminé en raison d’une toxicité dose-limite.  Dans le résumé, les auteurs concluaient que les patients ont été incapables d’observer correctement la diète cétogène envers laquelle ils ont montré peu de tolérance.

*Stress oxydatif : le stress oxydatif se définit comme  le résultat d’un déséquilibre métabolique suite à la  production excessive de radicaux libres, lesquels entraînent des dégâts cellulaires, souvent irréversibles, tels la destruction cellulaire, des modifications des protéines et/ou des gènes.  Notre organisme produit en permanence des radicaux libres d’origines endogène (intérieur, venant du métabolisme) et exogène (venant des influences extérieures et des substances toxiques).  Les radicaux libres doivent être neutralisés par des antioxydants de façon à maintenir l’homéostasie de l’organisme.

Effets secondaires possibles de la diète cétogène

Les effets secondaires courants de la diète cétogène sont la léthargie, les nausées, les vomissements dus à l’intolérance à cette diète, spécialement chez les enfants. De plus, les enfants sont sujets à l’hypoglycémie due à la faible consommation de glucose. On a observé également à long terme chez les enfants de l’ hypertriglycéridémie, une diminution de la croissance et  une perte progressive du contenu minéral des os. Chez les adultes, l’inconfort gastro-intestinal est  commun en raison de la grande quantité de lipides ingérés. Une étude pilote prospective a montré que la diète cétogène induit une augmentation substantielle et progressive du niveau de cholestérol chez les patients après un an de diète.  Il a été noté également des déficiences en minéraux tels le sélénium, le cuivre et le zinc dans le sérum de patients, déficits qui doivent être corrigés  par  une supplémentation. Les autres effets secondaires observés chez les adultes sont la constipation  en raison du manque de fibres, des dommages rénaux, des calculs rénaux,  une augmentation des lipoprotéines de faible densité (LDL), des tremblements, des malaises, le développement de la stéatose hépatique non alcoolique, l’élévation des corps cétoniques dans le sang particulièrement chez les patients diabétiques qui peuvent développer de l’acidocétose susceptible de mettre leur vie en danger.   Une étude récente chez 6 patients qui suivaient la diète cétogène a révélé qu’après 3 mois de diète, leurs matières fécales montraient une augmentation significative des espèces Desulfovibrio , un groupe de bactéries qui seraient impliquées dans l’exacerbation de l’inflammation de l’intestin associée à la consommation de gras d’origine animal.

Conclusion

La diète cétogène constitue à mon avis une diète de dernier recours pour les raisons suivantes: 1) il s’agit d’une diète déséquilibrée qui exige un suivi médical serré; 2) elle est susceptible d’induire de nombreux effets secondaires qui peuvent diminuer la qualité de vie des patients et provoquer des conséquences néfastes pour leur santé.

Selon les études cliniques effectuées jusqu’à maintenant, les seuls problèmes de santé qui démontrent de façon convaincante la pertinence de l’utilisation de la diète cétogène sont les cas d’épilepsies réfractaires aux anticonvulsivants chez les enfants et chez les adultes. Par contre, la diète cétogène, malgré ses limitations importantes, a fait la preuve dans le  milieu médical que des changements alimentaires peuvent améliorer de façon importante la vie de certains patients.  Depuis 1985, les travaux cliniques du Dr Jean Seignalet sur environ 2,500 patients ont démontré que la très grande majorité des maladies inflammatoires chroniques peuvent être mises en rémission ou grandement améliorées chez environ 80% des patients atteints de telles maladies lorsqu’ils adoptent une alimentation anti-inflammatoire qualifiée d’hypotoxique.  Compte tenu du vieillissement de la population, du nombre croissant de personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques qui mettent en péril notre système de santé universel, il est urgent que le monde médical tienne compte des milliers de témoignages qui ne cessent de confirmer les études cliniques du Dr Seignalet.  Les études cliniques du Dr Seignalet et tous les témoignages qui confirment la pertinence de ses résultats au cours des dernières décennies ont démontré hors de tout doute que des changements alimentaires basés sur une diète anti-inflammatoire constituent une démarche thérapeutique qui en plus d’être d’une grande efficacité ne cause aucun effet secondaire.

Références

Allen BG, Bhatia SK, Anderson CM et al., Ketogenic diets as an adjuvant cancer therapy: History and potential mechanism. Redox Biol. 2014; 2:963-70. Review.

Appavu B, Vanatta L, Condie J et al., Ketogenic diet treatment for pediatric super-refractory status epilepticus. Seizure. 2016;41:62-65.

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