Mode d’action de la diète cétogène
La diète cétogène, force l’organisme à brûler des gras plutôt que des glucides pour procurer à l’organisme l’énergie dont il a besoin pour fonctionner; le foie convertit les acides gras en corps cétoniques qui remplacent le glucose comme source première d’énergie à la condition que la consommation de glucides soit réduite de façon drastique. L’influence bénéfique possible des corps cétoniques sur les maladies neurodégénératives repose sur l’observation que le cerveau, utilise d’une part les corps cétoniques seulement lorsqu’il est privé de glucose alors qu’il semble que cette source d’énergie alternative soit capable d’atténuer l’excitotoxicité cellulaire, un processus pathologique d’altération et de destruction neuronale, une conséquence de l’hyperactivation des neurotransmetteurs. D’autre part, l’efficacité de la diète cétogène dans le cas de perte de poids chez les obèses et de la mise en rémission du diabète de type 2, serait basée sur sa capacité à maintenir un taux sanguin d’insuline bas, ce qui prévient et/ou corrige la résistance à l’insuline. Il apparaît de plus que la diète cétogène favorise davantage la perte de gras que les autres diètes d’amaigrissement tout en préservant de façon générale la masse musculaire bien que dans certains cas, des suppléments en acides aminés et en protéines puissent être nécessaires.
Conditions d’application de la diète
Des études chez les animaux et l’humain supportent l’efficacité thérapeutique possible de la diète cétogène pour traiter différents désordres de santé. Toutefois, il est recommandé que des examens préalables soient effectués avant d’appliquer la diète cétogène : historique de la maladie, tests spécifiques de laboratoire, diète habituelle du patient. Certains désordres métaboliques spécifiques (calculs rénaux, dyslipidémie sévère, maladie du foie, retard de croissance, reflux gastro-œsophagien sévère, alimentation orale difficile, cardiomyopathie, acidose métabolique chronique) constituent des contre-indications à l’application de la diète cétogène. Les patients doivent recevoir des multi vitamines contenant des doses adéquates de minéraux essentiels avant même d’initier la diète cétogène pour prévenir des déficiences nutritionnelles durant la diète.
La diète cétogène doit limiter la prise de glucides à 25 g/jour (maximum 50 g/jour), contrôler la quantité de protéines, augmenter la consommation de gras et d’huile. Les nutriments suivants sont nécessaires : calcium avec vitamine D, sélénium, magnésium, zinc et phosphore. L’évaluation de la diète doit être effectuée périodiquement pour documenter les effets bénéfiques et les risques associés. Il est important de quantifier à tous les 3 mois à partir du sérum, les corps cétoniques, le glucose sérique, l’albumine, les protéines totales, le cholestérol total, les triglycérides et la créatinine sérique pour s’assurer que la diète est suivie correctement. Une fois l’an, on recommande les tests suivants : échographie rénale, densité osseuse, carnitine, niveau de sélénium et électrocardiogramme pour prévenir à long terme les effets secondaires suivants : calculs rénaux, ostéoporose, hyperlipidémie, déficience en carnitine et cardiomyopathie.
Caractéristiques particulières
Cette diète ne peut être arrêtée brusquement, l’arrêt doit se faire graduellement sur une période de 2 à 3 mois.
Chez les obèses, la diète cétogène montre une perte de poids plus importante qu’avec les autres diètes balancées.
Il a été démontré que la diète cétogène peut être bénéfique contre le syndrome des ovaires polykystiques chez les patients obèses et atteints de diabète de type 2.
Bonne nouvelle dans le cas de la sclérose en plaques
L’analyse du microbiome intestinal des patients SEP démontre que la concentration totale ainsi que la diversité de leurs microbiotes sont réduites de façon substantielle comparativement aux contrôles normaux. Des observations cliniques ont montré que les effets de la diète cétogène se présenteraient en deux phases : dans un premier temps, la concentration et la diversité des microbiotes intestinaux seraient encore plus réduites ; par contre à partir de la douzième semaine de diète cétogène, la situation en tant que nombre et diversité des microbiotes s’améliore de façon significative et après 23-24 semaines de diète, la composition des microbiotes serait alors meilleure qu’avant le début de la diète. Ceci ne signifie pas que le microbiome a atteint un équilibre idéal, ce qui nécessiterait certainement un apport en fibres beaucoup plus élevé que le permet la diète cétogène. Toutefois, ce résultat est encourageant.
Effets secondaires
Effets secondaires courants : maux de tête, constipation, diarrhée, insomnie, maux de dos, inconfort gastro-intestinal, crampes abdominales, vomissements ;
Effets secondaires modérés : dyslipidemie, déficiences en minéraux, acidose métabolique, risque accru de pierres rénales, augmentation des triglycérides à l’intérieur d’une période de 6 mois, hypoproteinémie.
Effets secondaires sévères : élévation trop importante des corps cétoniques qui peuvent induire des complications avec risques de morbidité et de mortalité chez les patients diabétiques. Si la concentration des corps cétoniques ne dépasse jamais 8 mmol / L, ces risques sont virtuellement non existants chez les sujets dont la fonction insulinique est normale.
Chez les souris , la diète cétogène à long terme induit une intolérance au glucose qui a des conséquences graves sur les cellules endocrines du pancréas.
Conclusion
Des études cliniques supportent l’intérêt de la diète cétogène pour le diabète, l’obésité et certains autres désordres mais cette diète doit être suivie sous une supervision médicale stricte avec l’aide de diététiciens formés en ce sens. De plus, cette diète doit être adaptée à chaque patient. Des études sont requises pour mieux comprendre à long terme les impacts cliniques de la diète, son efficacité, son niveau de sécurité, la tolérance des patients, la durée du traitement et le pronostic après l’arrêt de la diète.
Compte tenu des problèmes et effets secondaires possibles inhérents à la diète cétogène, je pense personnellement que les individus qui répondent positivement à la diète hypotoxique n’ont pas intérêt à changer leur alimentation au profit de la diète cétogène. Par contre, j’encourage ceux qui souffrent d’une maladie chronique qui pourrait bénéficier de la diète cétogène lorsque leur qualité de vie est insatisfaisante malgré le suivi de la diète hypotoxique, à essayer la diète cétogène sous la supervision médicale de thérapeutes expérimentés dans ce domaine.
C’est avec gratitude que je remercie Christelle, atteinte gravement de sclérose en plaques, d’avoir eu le courage et la générosité de témoigner de son expérience de la diète cétogène. Le fait d’avoir pris sa santé en main, d’avoir écouté son intuition et d’avoir testé la diète cétogène, tout en continuant à profiter des acquis de la diète hypotoxique (élimination des aliments auxquels elle est sensible, cuisson à basse température des aliments qui la préserve des glycotoxines, aliments biologique) lui a permis de retrouver le goût de vivre, une meilleure qualité de vie sans oublier les retombées sur sa famille et sur tous les individus qu’elle encouragera par son témoignage à prendre leur santé en main. Cette histoire souligne encore une fois l’importance des témoignages de la part des lecteurs de mon blogue qui nous forcent à aller plus loin dans notre réflexion.
Références
Augustin K, Khabbush A, William S, et al., Mechanisms of action for the medium-chain triglyceride ketogenic diet in neurological and metabolic disorders. Lancet Neurol. 2018 Jan;17(1):84-93. doi: 10.1016/S1474-4422(17)30408-8.
Evans M, Cogan KE, Egan B. Metabolism of ketone bodies during exercise and training: physiological basis for exogenous supplementation. J Physiol. 2017 May 1;595(9):2857-2871. doi: 10.1113/JP273185
Gupta L, Khandelwal D, Kalra S, Gupta P, Dutta D, Aggarwal S. Ketogenic diet in endocrine disorders: Current perspectives. J Postgrad Med. 2017 Oct-Dec;63(4):242-251. Review.
Katsu-Jiménez Y, Alves RMP, Giménez-Cassina A. Food for thought: Impact of metabolism on neuronal excitability. Exp Cell Res. 2017 Nov 1;360(1):41-46.
Puchalska P, Crawford PA. Multi-dimensional Roles of Ketone Bodies in Fuel Metabolism, Signaling, and Therapeutics. Cell Metab. 2017 Feb 7;25(2):262-284. doi: 10.1016/j.cmet.2016.12.022. Review.
Swidsinski A, Dörffel Y, Loening-Baucke V et al., Reduced Mass and Diversity of the Colonic Microbiome in Patients with Multiple Sclerosis and Their Improvement with Ketogenic Diet. Front Microbiol. 2017 Jun 28;8:1141. doi: 10.3389/fmicb.2017.01141. eCollection 2017.
Bonjour Madame Lagacé,
j’ai 57 ans, je souffre d’hypertension depuis l’âge de 42 ans, Athérosclérose, récemment Diabétique et finalement arthrose, je constate bien que ma santé se détériore d’année en année. J’ai vu des diététicien, naturopathe et autre…
pas beaucoup d’amélioration. Je peux vous dire que mon état psychologique est à son plus bas. Je suis intéressé a suivre cette diète cétogène, auriez-vous un professionnelle à me référer s’il vous plait.
Et félicitation pour votre site et votre professionnalisme.
Bonne journée…
Daniel
Bonjour,
Les faits ont démontré que vos 3 problèmes de santé peuvent être mis en rémission par la diète hypotoxique qui est moins contraignante que la diète cétogène et qui n’exige pas d’être suivi par des analyses médicales. Communiquez avec une clinique spécialisée en nutrition, Ils devraient pouvoir vous orienter dans votre choix.
On voit ici une info claire et absolument pertinente. Il y des gens dans mon entourage qui pratiquent cette diète.
Très intéressée par tous ces témoignages et les explications de Madame Lagacé. Je me permets de vous poser une question :
Savez-vous si l’alimentation anti-inflammatoire a une efficacité sur l’endométriose et son évolution ? Auriez-vous des témoignages à ce sujet ? Des études ?
D’avance, un grand Merci pour tout ce qui pourrait m’aider à… aider ma fille, jeune adolescente qui souffre déjà beaucoup, qui a sa vie très perturbée sur tous les plans, et qui se pose beaucoup de questions inquiétantes quant à son avenir !
Oui, il y a sur ce blogue des témoignages positifs concernant l’endométriose.
Merci pour ces explications détaillées Mme Lagacé. Et que dire de Christelle…inspirante! Merci.