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Réponse au Dre Péluchon déconcertée par les études sur les oméga-3 et la vitamine D

Bonjour que pensez vous de cette étude?
Merci
Vitamine D et oméga-3 : des suppléments qui n’apportent rien de plus ? La prise de compléments alimentaires est devenue une habitude très répandue. Aux États-Unis, le nombre de personnes prenant des compléments à base d’huiles de poisson a été multiplié par 10 au
cours de la dernière décennie et celui des personnes prenant de la vitamine D par 4. L’objectif est une amélioration de la santé. L’origine de ces comportements vient de quelques publications suggérant les bienfaits de ces supplémentations. Les travaux concernant l’intérêt des huiles de poissons sont toutefois contradictoires et limités à la prévention secondaire. Quant à ceux, très nombreux, concernant les bienfaits de la vitamine D sur le risque de cancer, s’ils suggèrent qu’un taux faible de vitamine D est associé à un risque élevé de cancer, ils laissent planer le doute sur l’efficacité de la supplémentation.

Deux nouvelles publications apportent leur contribution au débat. Elles concernent un essai randomisé contrôlé contre placebo, impliquant 25 871 personnes. Les hommes sont âgés de plus de 50 ans et les femmes de plus de 55 ans. Ils ont reçu de la vitamine D, à la dose quotidienne de 2 000 UI, et des oméga-3, à la dose quotidienne de 1g. Le suivi médian est de 5,3 ans. Il s’agit donc sans doute de l’étude la plus vaste et la plus longue sur le sujet. Pas d’effet sur le risque d’événements cardiovasculaires ni de cancer.

Les résultats vont décevoir un certain nombre de personnes convaincues d’améliorer leur santé par ces compléments alimentaires. Car il n’apparaît pas que la supplémentation en oméga-3 apporte un bénéfice vis-à-vis du risque de survenue d’un ensemble d’évènements cardiovasculaires (infarctus myocardique, accident vasculaire cérébral et décès de cause cardio-vasculaire : Hazard Ratio HR 0,92 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,80 à 1,06). Il est constaté toutefois une réduction du risque d’infarctus du myocarde
(0,72 ; IC 0,59 à 0,90), mais ceci est à considérer avec prudence étant donné l’absence d’ajustement pour les facteurs confondants. La supplémentation en vitamine D n’apporte pas non plus d’avantage en matière de décès par cancers (HR 0,96 ; IC 0,88 à 1,06). L’analyse par type de cancer n’est pas plus encourageante, puisqu’il n’apparaît pas de réduction du risque de cancer du sein, de la prostate ou encore du côlon.

L’éditorialiste du New England Journal of Medicine remarque que cette étude incluait un grand nombre de participants, représentant assez fidèlement la composition de la société américaine. Il note aussi qu’un certain nombre de participants avaient, au démarrage de l’étude, un taux bas de 25 OH-vitamine D (moins de 20 ng/ml) et que, même pour ces derniers la supplémentation n’a pas eu d’impact sur le nombre de cancers invasifs, de quelque type que ce soit.

Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Manson JE et coll. : Vitamin D Supplements and Prevention of Cancer and Cardiovascular Disease – N Engl J Med 2019; 380:33-44
Manson JE et coll. : Marine n−3 Fatty Acids and Prevention of Cardiovascular Disease and Cancer- N Engl J Med 2019; 380:23-32

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Réponse de Jacqueline: Merci Dre Péluchon de votre intervention qui me permet de revenir sur la recherche approfondie que j’avais effectuée concernant  la prise de compléments d’oméga-3 contenus dans les huiles de poissons ainsi qu’au sujet  de la controverse à propos de la vitamine D.  Les résultats de ma recherche sur ces 2 sujets sont détaillés  dans mon dernier livre intitulé  « Une alimentation ciblée pour préserver  ou  retrouver la santé de l’intestin ».

Voici donc quelques informations et extraits, qui je l’espère vous inciteront à prendre connaissance du travail approfondi auquel  je m’étais astreinte  pour tenter d’apporter quelques lumières sur ces sujets très complexes et souvent dissonants

Chapitre 5, no 4 : Différences entre les effets de la consommation de suppléments d’huile de poisson (EPA/DHA) et celle de poissons frais.  Extraits p. 157

…..« Il est déroutant toutefois de constater que les études scientifiques  bien contrôlées incluant les méta-analyses qui tentent de  démontrer que les suppléments d’oméga-3 sous forme d’huile de poissons sont associés à une baisse des maladies cardio-vasculaires, neurologiques et autres, donnent généralement des résultats inconsistants11,12 ;http://www.medscape.com/viewarticle/803823).  À l’inverse,  les études sur la consommation de poissons (environ deux fois par semaine) sont nombreuses à démontrer que ces aliments ont un effet préventif sur les risques de maladies coronariennes 13, certaines formes de cancers14 le syndrome métabolique 15, 16 les maladies neuro dégénératives 2, etc.  Comme on admet de façon générale que les oméga-3 jouent un rôle important dans le maintien de la santé neurologique et la prévention des maladies chroniques, comment expliquer que les études scientifiques donnent généralement des résultats plus probants lorsqu’il y a consommation de poissons plutôt que celle de suppléments d’huile de poissons contenant des quantités précises d’oméga-3? »

Lire p. 158, 159, 160, …… À partir de plusieurs études scientifiques indépendantes, j’ai discuté des différentes hypothèses qui peuvent expliquer ce paradoxe. À mon avis, l’explication  la plus probable repose sur l’observation qu’en raison de leur forte réactivité (présence de plusieurs doubles liaisons), les huiles de poissons oméga-3, qui ont été obtenus et purifiés à partir de poissons, seraient oxydées pendant ces processus avec les conséquences négatives que l’oxydation des oméga-3 comporte, ce qui peut facilement expliquer les résultats dissonants en fonction des degrés d’oxydation.

Extrait p 160-16

No. 5.  Les doses recommandées de suppléments d’huile de poisson (EPA/DHA préformés) par les fabricants sont-elles conformes à nos réels besoins ?

….. « Si  l’évolution a  fait en sorte que la  conversion de l’ALA en EPA/DHA soit si lente chez l’humain, cela  suggère qu’il est probablement irrationnel  de consommer de fortes quantités d’oméga-3 préformés sous la forme de suppléments de concentrés d’huile de poisson. À l’appui de cette thèse,  des études de radioactivité et de tomographie basées sur l’incorporation de DHA circulant dans le cerveau humain montrent que la consommation quotidienne de DHA, chez 95% des sujets, n’excède pas  0.4 mg à 7.2 mg 25. Les personnes normales en santé seraient capables de métaboliser des quantités adéquates de DHA à partir des omega-3 ALA parents 26. D’autres  expériences suggèrent qu’un excès de transformation des ALA en oméga-3 est non seulement du  gaspillage mais contreproductif et possiblement néfaste  parce que le corps ne peut éliminer facilement les overdoses de ces oméga-3 complexes et très réactifs 2,3,5,27. Il semble que les gens en santé seraient  capables à partir de la consommation d’acide α-linolénique (ALA), qui est un acide gras essentiel précurseurs des oméga-3 plus complexes contenant 5 et/ou 6 doubles liaisons,  de métaboliser des quantités adéquates de DHA et d’EPA qui correspondraient apparemment à la consommation de 7 mg/jour d’oméga-3 végétal, soit une quantité facilement atteignable par la population générale 26. Ainsi, une mauvaise compréhension des besoins en EPA/DHA préformés entraîne des recommandations de la part des fabricants qui pourraient  mener potentiellement à des overdoses par des facteurs de 20 à 500 fois,  dépendamment des suppléments et des doses prescrites qui atteignent souvent 1000 mg d’EPA/DHA/jour. »No. 6.  L’importance de l’oxydation des acides gras préformés dans les suppléments d’huile de poisson (p. 162-163).

No 6. Existe-t-il un lien entre le phénomène d’oxydation lipidique et l’athérosclérose ? (p. 163-164)

…. »Les travaux de deux éminents professeurs de chimie organique , spécialisés dans le domaine des processus de peroxydation des lipides et de leurs implications dans le développement des maladies inflammatoires apportent des informations qui semblent particulièrement pertinentes  en regard des causes des maladies inflammatoires chroniques.  Selon ces derniers, on n’a pas pris suffisamment en compte les expériences qui démontrent  que l’athéroslérose peut être la conséquence d’une lésion cellulaire plutôt que d’un niveau élevé de cholestérol ou de la consommation d’acide gras saturés 3, 3-39Ils rappellent également que l’on ne tient pas suffisamment compte que la consommation des gras, suite à leur cuisson à température élevée, va entraîner, en raison de la réaction de Maillard, une augmentation sérique (dans le sang) dramatique de la péroxydation lipidique (LPO) »……

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La controverse au sujet de la vitamine D (p. 122-133)

Introduction

« Lorsqu’on se nourrit de façon équilibrée,  les suppléments de vitamines et minéraux ne sont pas nécessaires pour de multiples raisons décrites précédemment1 (p. 140-146).  Toutefois, le cas de la vitamine D est particulier pour plusieurs raisons et c’est pourquoi ce sujet est développé en profondeur dans le présent chapitre ».

– Les différentes formes de vitamine d et leurs dosages (p. 123-126)

– Différents facteurs sont susceptibles d’influencer les niveaux de la vitamine D sérique (p. 126-127)

– La santé osseuse : la relation vitamine D et calcium n’est pas simple (p. 127-129)

– L’action de la vitamine D ne serait pas limitée à la santé osseuse (p. 129)

– Recommandations de différentes autorités médicales concernant la vitamine D (p. 129-130)

– Conférence sous l’égide du NIH (National Institutes of Health) : questions-réponses  se rapportant à la vitamine D en pratique médicale (p. 130-131)

-Les risques associés à la supplémentation de vitamine D (p. 131-133)

…… Dernier énoncé de cette partie : « En définitive,  le statut normal de la vitamine D sérique chez l’humain n’a pas encore été clairement défini. Toutefois, tel que mentionné précédemment, le niveau sérique de 20 ng/ml de vitamine D 25, hydroxy(OH) est considéré comme adéquat et sécuritaire par le comité de l’IOM alors que selon ce comité, le risque de préjudice s’élèverait avec une concentration sérique supérieure à 50 ng/ml. En fait, les études les plus récentes s’opposent aux recommandations qui proposent d’augmenter les doses de vitamine D au-dessus des apports nutritionnels de 600-800 IU/jour chez les individus en santé.  Il est de plus conseillé de superviser avec attention la prise de suppléments particulièrement chez certains sous-groupes de patients et en particuliers chez ceux  âgés et vulnérables ».

 

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