Pertinence de l’indice glycémique pour le choix de nos aliments?

Remise en cause de la pertinence d’utiliser l’indice glycémique (IG) comme guide pour le choix d’une alimentation santé pour l’ensemble de la population par les principales associations du domaine de la santé telles le WHO, l’EFSA et autres.  

 La remise en question de la pertinence de l’indice glycémique (IG) comme guide pour le choix d’une alimentation santé concerne d’une manière particulière les aliments riches en amidon. On a prétendu que les aliments riches en amidon et/ou dont l’indice glycémique était élevé favorisaient un surplus de poids.  De telles affirmations, non fondées pour l’ensemble de la population, a influencé la rédaction de guides alimentaires inappropriés.  S’appuyant sur l’indice glycémique des aliments, des médecins et des nutritionnistes ont conseillé d’éviter ou de limiter fortement la consommation d’aliments riches en amidon alors que ces derniers possèdent souvent des caractéristiques santé indéniables. Ceci est d’autant plus regrettable que ces aliments nutritifs sont souvent  financièrement abordables.  C’est le cas par exemple de la pomme de terre bouillie qui est riche en fibre solubles, vitamine C, potassium, magnésium et  polyphénols; même ses protéines, malgré qu’elles soient peu nombreuses, sont facilement digestibles et de qualité (présence des acides aminés essentiels).

 Il faut savoir que le concept de l’IG a été développé en 1981, principalement pour les diabétiques (1).  L’indice glycémique des aliments est en relation avec la quantité d’insuline qui est sécrétée dans le sang après l’ingestion d’un aliment particulier en fonction des glucides à digestion lente ou rapide qu’il contient.  Plus la sécrétion d’insuline est rapide suite à l’ingestion d’un aliment, plus son indice glycémique sera élevé.

 Les recommandations des autorités  en  santé

Toutes les recommandations récentes émanant des autorités en santé américaines (2-4) Européennes (EFSA) (5,6), et mondiales (WHO) (7), The World Cancer Research Fund (8), concluent qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour affirmer que choisir des aliments avec un indice glycémique faible  permet de diminuer le risque de développer des maladies chroniques pour l’ensemble de la population.

Le groupe d’experts,  The Nordic Nutrition Recommandations (NNR), qui a effectué une revue systématique  des connaissances scientifiques  en regard de la qualité et de la quantité des glucides consommés dans le but d’évaluer l’influence de l’indice  glycémique sur l’état de santé des populations sont d’avis également que l’ensemble de la population n’a pas à faire ses choix alimentaires en fonction de l’indice glycémique des aliments (9).   Récemment, Santé Canada a publié un article indiquant que les valeurs de l’indice glycémique apparaissant sur les étiques des aliments pouvaient induire les consommateurs en erreur et n’ajoutaient aucune information valable susceptible d’aider les consommateurs à faire des choix alimentaires plus sains (10.

 Tous ces groupes reconnaissent que la méthodologie, la validité et l’utilisation de l’index glycémique des aliments doivent être clarifiés.  Les raisons de douter de la pertinence de l’index glycémique pour choisir ses aliments viennent du fait que l’IG peut être influencé par la nature chimique et physique des aliments consommés ainsi que par des facteurs propres à chacun d’entre nous (11).  Ces facteurs incluent des nutriments tels les différents types de fibres alimentaires, la structure des amidons, les types de sucre, de lipides, le contenu en protéines, en eau, la structure cellulaire, les interactions moléculaires, la distribution des tailles de particules, la présence d’inhibiteurs d’amylase ou d’acides organiques, les méthodes de préparation des aliments et le degré de mastication (12).

Les hypothèses pour tenter d’expliquer pourquoi les études qui cherchaient à établir un lien entre le choix des  aliments à indice glycémique faible et la prévention des maladies chroniques et/ou des problèmes métaboliques ont été un  échec sont les suivantes :

 1) la présence de  différences individuelles considérables dans la réponse au glucose quand différents aliments sont testés ;

 2) la disponibilité des glucides dans les différents aliments peut être surestimée comparativement aux quantités réellement absorbées ;

3) l’utilisation de tables internationales qui ne correspondent pas nécessairement aux différentes  productions  locales d’aliments ;

4) dans plusieurs essais, les aliments considérés comme ayant un IG faible et les aliments contrôles différaient  généralement par rapport à des aspects tels le contenu en fibres solubles et insolubles, la viscosité des fibres et autres contenus en macronutriments;

5)  les effets du repas précédent  ne sont pas tenus en compte sans oublier que la réponse au glucose dépend de l’ensemble des  différents aliments consommés durant un repas alors qu’avec l’IG, on ne tient compte généralement que des glucides;

6)  il n’y a pas toujours présence de cohérence entre l’IG et la réponse insulinémique.

7) des tests physiologiques ont démontré que les formules utilisées pour évaluer l’indice glycémique des aliments surestiment de façon générale ces indices par des marges de 22 à 50%.

Une chose est certaine, l’influence de l’indice glycémique pour le choix des aliments santé prête énormément à controverse particulièrement pour les gens qui ne souffrent pas de diabète ni d’excès de poids.

Une étude récente particulièrement révélatrice a été effectuée sur de jeunes adultes en santé, sur lesquels on a étudié  l’influence de l’heure à laquelle un repas à  indice glycémique faible et/ou élevé était consommé.  Cette étude a démontré que lorsque le repas était consommé le matin, quel que soit  l’indice glycémique du repas,  on observait  un très bon contrôle glycémique suite à la prise du repas.  Lorsque les mêmes repas étaient consommés à la fin de la journée, on observait une dégradation du contrôle glycémique, indépendamment de l’indice glycémique du repas.  De plus, la différence  était plus marquée dans le cas du repas à faible indice glycémique puisqu’aucun avantage métabolique n’était obtenu suite à ce repas (13). 

Ces résultats à mon avis viennent appuyer l’importance du petit déjeuner pour une santé optimale et devraient influencer les diabétiques et les personnes qui souffrent d’embonpoint à considérer ce repas en tant que pivot dans leur alimentation.  Ils auraient de plus avantage à prendre un repas léger comme souper.

En conclusion,  « The Dietary Guidelines Advisory Committee on the Dietary Guidelines for Americans 2010 » (14) conclut  que: « lorsque l’on sélectionne des aliments glucidiques, il n’est pas nécessaire de tenir compte de leur index glycémique ni de leur charge glycémique.  Ce qui est important, c’est d’être conscient de leurs calories, de leur densité calorifique et de leur contenu en fibre ».  Par contre, les différents rapports américains et européens cités précédemment concernant la consommation de glucides dans l’alimentation humaine concluent : « il y a des éléments de preuves contradictoires qui indiquent que les aliments ayant un IG élevé pourraient être associés à  une augmentation du risque de développer un diabète de type 2 ainsi que des maladies cardiaques, particulièrement chez les gens en surpoids ou obèses ».  Ces preuves selon eux seraient toutefois insuffisantes pour recommander d’introduire l’index glycémique dans les recommandations nutritionnelles concernant  l’ensemble de la population.

Références

1. Jenkins DJ, Wolever TM, Taylor RH et al., “ Glycemic index of foods: a physiological basis for carbohydrate exchange”,  Am J Clin Nutr, Vol. 34, p. 362-366,  1981.  

2 . USDA Center for Nutrition Policy and Promotion. Alexandria, VA: 2010. USDA’s Nutrition Evidence Library (NEL) http://www.nutritionevidencelibrary.com [cited 16 November 2011].

 3.  Dietary Guidelines Advisory Committee. Washington, DC: US Department of Agriculture, Agriculture Research Service; 2010. Carbohydrates. Report of the Dietary Guidelines Advisory Committee on the Dietary Guidelines for Americans.

 4.   Department of Agriculture DoHaHS. 7th edition. Washington, DC: US Government Printing Office; 2010. Dietary guidelines for Americans.

 5.  European Food Safety Authority. Scientific opinion on dietary reference values for carbohydrates and dietary fibre. EFSA Journal. 2010;8(3):1462.

 6.  Overby NC, Sonestedt E, Laaksonen DE, Birgisdottir BE,  “Dietary fiber and the glycemic index: a background paper for the Nordic Nutrition Recommendations 2012”,     Food Nutr Res,  2013;57. doi: 10.3402/fnr.v57i0.20709. Epub 2013 Mar 25.

7.  Mann J, Cummings JH, Englyst HN et al.,  “FAO/WHO scientific update on carbohydrates in human nutrition: conclusions”,  Eur J Clin Nut, Vol. 61(Suppl. 1):S132–137, 2007.

 8.  World Cancer Research Fund, American Institute for Cancer Research. Washington, DC: AICR; 2007. Food, nutrition, physical activity and the prevention of cancer: a global perspective. Washington, DC: AICR.

 9.  Nordic Council of Ministers. Nordic Nutrition Recommendations 2004.  Integrating nutrition and physical activity. 4th edition. Copenhagen, Denmark: Norden; 2005.

10.  Aziz A, Dumais L, Barber J. “Health Canada’s evaluation of the use of glycemic index claims on food labels”. Am J Clin Nutr 2013; 98: 269–274.

11.  Venn BJ, Green TJ,  “Glycemic index and glycemic load: measurement issues and their effect on diet-disease relationships”,   Eur J Clin Nutr, Vol. 61(Suppl. 1), p. S122–131, 2007.

12.  Thorsdottir I, Birgisdottir BE. Copenhagen: Nordic Council of Ministers. Tema Nord; 2005. Tema Nord Report. Glycemic index – from research to nutrition recommendations? p. 589.

13.  Gibbs M, Harrington D, Starkey S, Williams P, Hampton S. “Diurnal postprandial responses to low and high glycaemic index mixed meals” Clin Nutr. 2013 Oct 8. pii: S0261-5614(13)00258-6. doi: 10.1016/j.clnu.2013.09.018. [Epub ahead of print]

 14.  Dietary Guidelines for Americans 2010. 2012. http://www.cnpp.usda.gov/DGAs2010-DGACReport.htm [cited 16 November 2011]

 

 

 

 

9 Commentaires

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9 réponses à “Pertinence de l’indice glycémique pour le choix de nos aliments?

  1. J’adore vos articles, mais la dessus vous avez tout faux. Une lecture approfondi ajouterais plusieurs éléments non comprit et il est impossible d’en expliqué tout les tenants et aboutissants ici.

    • Jacqueline

      Lisez attentivement mon article ainsi que les références sur lesquelles cet article est basé avant d’affirmer catégoriquement sans preuves scientifiques à l’appui un tel jugement.

  2. Valesa

    Maintenez-vous cette affirmation, en l’état actuel des connaissances? Je me réfère aux livres de David Servan-Schreiber notamment. Je trouve très étonnant que la question de l’index glycémique soit ainsi balayée.

    Tout aussi étonnant de continuer de lire que certains aliments seraient assimilés « rapidement » (les sucres simples) et d’autres plus « lentement » (les sucres complexes), cette notion de temps basée uniquement sur la complexité chimique des molécules.
    Si on observe l’évolution dans le temps de la courbe d’un aliment qui provoque une forte secrétion d’insuline pour être assimilé (le glucose), comparée à celle d’un aliment qui en provoque une faible (les lentilles), ces courbes sont identiques en matière de durée… (mais bien sûr pas du tout en matière de réponse insulinique, selon l’index glycémique, voir le site lanutrition.fr (http://www.lanutrition.fr/bien-comprendre/le-potentiel-sante-des-aliments/index-et-charge-glycemiques/la-revolution-de-lindex-glycemique.html).

    Or de nombreuses recherches ont prouvé que la production en dents de scie de l’insuline fatigue le pancréas, développe l’hyperinsulinisme, entrient un état d’inflammation chronique, entraîne la prise de poids, etc.

  3. Magda

    Je tiens quand même à remarquer, que tous les aliments « ancestraux », soit de la viande, du poisson (et assimilés), des fruits, des légumes et des oléagineux, ont l’IG plutôt bas (ou moyen).

    Et ces aliment sont largement suffisants pour un être humain qui veut se nourrir bien et sainement.

    Non ?

    • Jacqueline

      Vous avez raison. Toutefois, pourquoi se priver d’une variété d’aliments positifs pour la santé?

    • André Lirzin

      faut faire attention par contre, c’est pas parce que c’est du pain/bagel/brioche ou brownies sans gluten ou du riz qu’il y a un index glycémique bas….de même pour les fruits,beaucoup ont un index glycémique très haut,mieux vaut se limiter si on est en perte de poids par exemple…

    • Jacqueline

      Lire mon article sur l’indice glycémique dans « Sujets d’intérêts:.

  4. Marie-Claire

    Personnellement, je mange beaucoup de sarrasin et de farine de quinoa et moins de farine de riz et de pomme de terre qui sont selon la nutritionniste recommandée dans votre site aide dans le cas de l’inflammation. J’en mange quand même mais beaucoup moins et je me limite à 2 fruits. Dans mon cas, cela a été fantastique toutefois mon inflammation résulte d’une allergie à un médicament (cause plus rare). Enfin, peu importe ce que les livres disent, dans mon cas cette modification a été fantastique.

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